La Maladie Rénale Chronique et ses enjeux
La maladie rénale chronique (MRC) est fréquente et longtemps silencieuse. Le dépistage ciblé de la MRC dans les populations à risque (patients diabétiques, hypertendus, ayant une maladie cardiovasculaire, sujets âgés, patients ayant des médicaments potentiellement dangereux pour les reins) a pour but d’éviter ou de retarder le passage au stade terminal de l’insuffisance rénale nécessitant un traitement de suppléance (dialyse ou greffe rénale) et de réduire les complications associées, principalement cardiovasculaires. Sa progression peut être ralentie par un traitement réalisable dans le cadre de la médecine générale.
Il existe des facteurs entraînant une dégradation de la fonction rénale, avec par exemple : le tabagisme, l’obésité, l’utilisation de médicaments dits « néphrotoxiques » ou encore une alimentation déséquilibrée. Or, aujourd’hui, il est possible d’agir sur ces facteurs.
Une étude importante menée en Lorraine : EPIRAN
Par la gravité de ses conséquences cliniques et le coût de son traitement (2 % de la totalité des dépenses de santé en France), l’insuffisance rénale chronique représente un problème de santé publique de tout premier plan. Malgré cela, il était surprenant de constater qu’en France, aucune étude épidémiologique évaluant la prise en charge précoce de l’insuffisance rénale chronique non terminale n’avait été menée en population.
L’étude EPIRAN (Epidémiologie de l’insuffisance rénale dans l’agglomération de Nancy) a débuté le 1er janvier 2004 dans la Communauté urbaine du Grand Nancy (CUGN) comptant 258000 habitants en 1999. Elle avait pour objectifs d’estimer l’incidence de l’IRC en population générale mais également de décrire les caractéristiques des patients IRC ainsi que leur devenir en termes de survie, de prise en charge néphrologique et d’évolution de leur IRC. La déclaration des patients remplissant les critères d’inclusion (créatininémie ≥ 150 µmol/l chez les adultes) a été faite par l’ensemble des laboratoires de biologie médicale publics et privés de l’agglomération (16 en tout) du 1er janvier 2004 au 30 juin 2006 et les patients ont été suivis jusqu’au 21 décembre 2009.
Les résultats peuvent être résumés de la façon suivante : 631 patients ont été identifiés soit une incidence annuelle de 1/1000 habitants. Agés de 76 ans en moyenne, ils sont atteints de pathologie multiples (60% ont 3 comorbidités ou plus) ; 10,5% ont évolué vers l’insuffisance rénale terminale traitée par dialyse IRT et 35% sont décédés pendant la durée de l’étude.